Publié: 18 Mai 2023 dans Non classé

Beatrice Rammstedt a suivi 7 000 couples, et montré que les relations sont plus stables quand les partenaires partagent certains traits de caractère, comme elle l’explique dans cet entretien.Beatrice Rammstedt10 juillet 2014| CERVEAU & PSYCHO N° 64| Temps de lecture : 3 mn Article réservé aux abonnés numériquesImageLa capacité d’un couple à résister au temps dépend, entre autres, de la compatibilité de certains traits de personnalité des partenaires.© Cerveau & PsychoPeut-on prévoir, dès le mariage, si une relation durera ?Pour un couple en particulier, c’est hasardeux, car cela fait intervenir des facteurs à la fois trop nombreux et imprévisibles. Toutefois, quand on fait la moyenne sur un grand nombre de couples, on voit apparaître quelques constantes. Avec mes collègues, nous avons étudié chez 7 000 couples environ si certains appariements de partenaires sont plus durables que d’autres. Nous avons constaté qu’en moyenne les relations sont plus stables lorsque les partenaires se ressemblent en termes de conscienciosité, d’agréabilité et d’ouverture à la nouveauté.Il s’agit de trois des cinq traits fondamentaux de personnalité que les psychologues nomment Big Five.Exactement. Appliqué à la vie de tous les jours, cela signifie, par exemple, qu’il vaut mieux que les deux partenaires laissent traîner leurs chaussettes dans l’appartement (ce qui correspond à un faible degré de conscienciosité). S’il n’y en a qu’un à le faire, la situation devient une source de conflits. De même si l’un est ouvert à la nouveauté – et donc prêt à tester un nouveau restaurant de temps en temps –, tandis que l’autre veut toujours retourner dans le même restaurant, la situation peut engendrer des tensions, l’un des deux étant toujours insatisfait.Que se passe-t-il quand les deux partenaires sont égocentriques ou non coopératifs ?Paradoxalement, deux partenaires désagréables peuvent vivre en bonne entente. Les conflits apparaissent plutôt si l’un des deux est très coopératif et éprouve un fort besoin d’harmonie, tandis que l’autre ne partage pas ces aspirations. Là encore, le mode relationnel est asymétrique et instable.La similarité des autres traits de personnalité est-elle moins importante ?Pour certains de ces traits, toutes les combinaisons semblent autorisées. Par exemple, deux personnes extraverties sont susceptibles de bien s’accorder, mais il est aussi possible qu’elles entrent en compétition. D’un autre côté, une personne extravertie peut se sentir mal à l’aise avec un partenaire introverti parce qu’elle éprouvera un plus grand besoin que l’autre de nouer des relations sociales. Mais il est tout à fait possible qu’ils vivent une relation harmonieuse dans la mesure où ils jouent des rôles complémentaires au sein de leur relation ; par exemple, si l’un aime parler et l’autre préfère écouter, tout le monde est satisfait.En principe, la stabilité émotionnelle devrait toujours être un avantage. Les relations ne durent-elles pas pluslongtemps quand les deux partenaires sont émotionnellement stables ?Curieusement, deux partenaires instables émotionnellement (on dit aussi « névrotiques ») ne semblent pas rencontrer de difficultés particulières dans leur relation, si l’on se réfère aux données que nous avons recueillies. Apparemment, la relation peut durer longtemps si les deux partenaires sont anxieux et insécures – peut-être parce qu’ils se comprennent bien ou parce qu’ils apprécient des styles de vie similaires. On peut aussi penser que le partenaire le plus stable émotionnellement procure à l’autre une protection qu’il apprécie ; chacun se sent à l’aise dans son rôle. Toutefois, nos études les plus récentes ont montré que la stabilité émotionnelle de la femme joue un rôle déterminant : plus la femme est stable émotionnellement, plus elle est satisfaite de sa relation. Les séparations résultent souvent de l’insatisfaction de la femme, bien plus que de celle de l’homme.Les personnalités des partenaires se ressemblent davantage au fil du temps ?Pas à l’échelle de notre suivi, c’est-à-dire quatre ans. Chez les couples qui se séparent, on constate que les cinq traits fondamentaux de personnalité ont eu tendance à s’éloigner de plus en plus, bien que la personnalité de chacun soit pourtant considérée comme relativement stable.Comment peut-on l’expliquer ?Nous ne savons pas encore si deux partenaires se séparent parce qu’ils sont devenus trop différents, ou si leurs traits de personnalité divergent parce qu’ils se sont séparés. Nous avons tendance à penser que c’est la seconde hypothèse qui est la bonne, même si cela reste à confirmer. Pour tourner la page après une séparation, chaque protagoniste donne le sentiment de vouloir réorganiser sa vie.Savez-vous si de tels changements sont durables ?Nous l’ignorons à ce stade. Une enquête socio-économique qui porte sur environ 20 000 participants est en cours. Grâce à elle, nous pourrons suivre l’évolution des protagonistes après leur séparation. Il sera intéressant de découvrir si les partenaires changent de personnalité de façon durable ou si leurs personnalités recommencent à se ressembler, quelques années après la séparation.La personnalité fait-elle le couple ?Télécharger la version PDF de cet article2 pages 754.39 KoAuteurBeatrice RammstedtBeatrice Rammstedt est professeur de diagnostic psychologique, méthodologie et conception d’enquêtes à l’Université de Mannheim, en Allemagne.Voir tous ses articlesRéférencesB. Rammstedt et al., Partnership longevity and personality congruence in couples, inPersonality and Individual Differences, vol. 54, pp. 832-835, 2013. Cerveau et psycho

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